Associer dans la même expression « gastronomie » et « anglaise » peut sembler un oxymore, tant les stéréotypes séculaires sont tenaces. Pourtant, le Royaume-Uni arrive en 5e position mondiale au Michelin en 2016, avec 163 restaurants étoilés, qui ne font pas que de la « cuisine française », ou « européenne », mais aussi de la « modern British cuisine » ; et n’oublions pas non plus le succès des celebrity chefs, comme Jamie Oliver ou Gordon Ramsay, véritables cordons bleus multimedia, pour réhabiliter des plats traditionnels au prix de quelques mises au goût du jour. Il serait temps en fait de se défaire de nombre d’idées reçues : on peut mal cuisiner des deux côtés du Channel sans que cela ne jette l’opprobre sur l’ensemble d’une tradition gastronomique nationale. Le British Cheese Board recense 700 variétés de fromages britanniques, dont un bon nombre au lait cru. S’il n’y a pas (encore) de production viticole réellement convaincante, il y a de la bière et de cidre qui surpassent souvent ce que l’on trouve sur le Continent. Une approche historique permet d’aller au-delà des clichés, en déconstruisant les facteurs explicatifs de cette mauvaise réputation aussi persistante qu’injustifiée.