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Mardi 21 novembre 2023 - 16 h 30
- Cinéma Jean Eustache
Winstanley

Winstanley
Kevin Brownlow
Andrew Mollo
1975
95 min.
VOSTF
En Angleterre, en 1649, après la révolution de Cromwell et l'exécution du roi. Un groupe de paysans, les Diggers, menés par Gerrard Winstanley, s'installe sur d'anciens terrains communaux et commence à cultiver la terre, formant une communauté agricole qui repose sur l'égalité pour tous dans le travail…
Edition 2023 :
« Aussi séduisante ait-elle été, l’utopie réalisée des Diggers se solda par un échec, scellé par les dernières images du film : celles des ruines de leur campement et de la colline Saint-George pareillement ensevelis sous la neige. À quoi tient cette faillite selon Winstanley ? D’abord aux assauts répétés dont la communauté égalitaire de la colline Saint-George a fait l’objet. Le film consacre en effet plusieurs séquences caméra à l’épaule aux violences commises contre les Diggers par des bandes armées diligentées par les propriétaires fonciers. S’en prenant tant à leurs fragiles demeures – les mettant à bas, les incendiant – qu’aux partisans de Winstanley eux-mêmes – certains sont brutalement frappés –, les hommes de main entretiennent un climat de terreur usant la volonté des Diggers. À ces raids brutaux s’ajoutent d’incessantes tracasseries juridiques – on voit ainsi Winstanley déféré devant des autorités judiciaires hostiles – rendant encore un peu plus pénible l’existence des Diggers. Certainement sapée par l’action de puissantes forces antagonistes, leur révolution échoue aussi du fait d’une contradiction idéologique interne.
Certainement favorable, le regard porté par Kevin Brownlow et Andrew Mollo sur la révolte de la colline Saint-George n’en est pas moins critique. Puisque Winstanley affirme in fine que c’est faute d’avoir renoncé à la tutelle divine – peut-être la plus coercitive de toutes les dominations, car la plus intériorisée – que les Diggers ont échoué. Autant dire qu’en ces débuts tourmentés du XXIe siècle, notamment marqués par un retour en force du religieux, la réflexion historique et politique au cœur de Winstanley demeure d’une brûlante actualité... » – DVD Classik
Edition 2017 :
« Faisant preuve de la même minutie qu’ils avaient manifestée pour concrétiser leur fiction d’une Angleterre occupée par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale dans It Happened Here/En Angleterre occupée, 1964, Kevin Brownlow et Andrew Mollo se retrouvent pour reconstituer l’odyssée sociale et philosophique d’un groupe d’Anglais et de leur chef spirituel à l’époque de Cromwell. Ce qui était investigation du possible dans le premier film devient ici illustration d’une utopie qui avait pu – brièvement – s’incarner dans l’Histoire. Le film opère une double plongée dans le passé. Par son sujet d’abord. Mais aussi par sa forme qui se veut explicitement une résurrection de certaines tendances stylistiques du cinéma muet et un hommage à quelques uns de ses plus grands artistes (Gance, Dreyer, Eisenstein ; la musique de Prokofiev pour Alexandre Nevski est même reprise ici dans la bande sonore). Inutile de rappeler que Kevin Brownlow est l’un des meilleurs connaisseurs du cinéma muet (cf. son livre La Parade est passée, Actes Sud/Institut Lumière, 2011 1968). Dans Winstanley, un formalisme très insolite, qui pourrait être fastidieux, réussit pourtant à convaincre, car il est le fruit d’une véritable passion archéologique pour l’histoire d’un pays et d’un art. » – Jacques Lourcelles, Dictionnaire du Cinéma, tome 3.
En reconstituant cinématographiquement un épisode rapidement refoulé puis longtemps méconnu de l’histoire anglaise du XVIIe siècle – y compris au Royaume-Uni même –, les réalisateurs de En Angleterre occupée(1965) participèrent activement de la remise en avant d’une expérience durant laquelle « l’utopie a semblé devenir vraie » pour reprendre une formule de l’historienne française Michèle Riot-Sarcey. Une entreprise de collectivisme intégral qui, si elle fut finalement mise en échec, demeura néanmoins tapie dans l’imaginaire politique révolutionnaire. Et qui finit par resurgir durant les années 1960 au sein de certaines fractions de la gauche protestataire étasunienne ou britannique : les unes et les autres s’inspirèrent des Diggers, tout en actualisant leur communisme chrétien selon une optique athée et libertaire. Il s’agit, dans cette Angleterre libérée de la monarchie, et ainsi que l’écrit Winstanley lui-même, de désormais “tout faire comme un seul homme, travailler tous ensemble et manger tous ensemble comme les fils d’un même père que nous sommes, membres d’une même famille.” C’est cette réalisation d’un “sujet collectif” par les Diggers que met en images le film de manière puissamment évocatrice. Le travail en commun de la terre est ainsi magnifié en une série de plans iconiques montrant les silhouettes de semeurs ou de faucheurs assemblés en un même effort, se détachant sur les contreforts de la colline Saint-George. » – DVD Classik
Fiche du film
Réalisateurs(trices)
Kevin Brownlow
Andrew Mollo
Année
1975
Durée
95 minutes
Date Sortie française
Mercredi 3 novembre 1976
Auteur(s) / Scénario
Kevin Bronlow, Andrew Mollo
Format de diffusion
DVD
Détails
Interprètes
Miles Halliwell (Gerrard Winstanley), Jerome Willis (Lord Fairfax), Terry Higgins (Tom Haydon), Phil Oliver (Will Everard), David Parson Platt…
D'après
D'après le roman de David CauteImage
Direction photographie
Ernest Vincze
Montage
Sarah Ellis
Couleur
N&B
Production
BFI Production
Distributeur
British Film Institute
Son
Peter Harvey
Producteur(trice)
Kevin Bronlow, Andrew Mollo
Pays
Grande Bretagne