Le roman d’Harry Harrison, sorti en 1966, Make Room ! Make Room ! (« Faites de la place ! Faites de la place ! ») imaginait au XXIe siècle une Terre dévastée, surpeuplée, polluée et dénuée de ressources naturelles, contraignant les humains à se nourrir d’aliments synthétiques pour survivre. Le film de Richard Fleischer, adapté par Stanley R. Greenberg, reprend la trame de l’ouvrage et situe l’action à New York, en 2022, dans une atmosphère poisseuse et étouffante. La ville est accablée par une canicule permanente, frappée par le chômage, la corruption et la violence. La faune et la flore ont disparu de la surface terrestre. Les humains s’entassent dans des cages d’escalier, seule une minorité de gens riches vivent dans des immeubles fermés et surprotégés. La fiction ajoute au récit la dimension anthropophage, absente du livre. Le film sort dans un climat politique et social explosif aux États-Unis marqué par le choc pétrolier de 1973 et sa réalisation coïncide avec la publication en 1972 du rapport commandé par le Club de Rome intitulé : « Les Limites de la croissance ». Parfait thermomètre des préoccupations de l’époque, le film aborde les dérives liées au progrès technique, à l’industrialisation de nos sociétés et à l’impact potentiel sur notre environnement. Le film mêle les codes du film de science-fiction dystopique avec ceux du policier et s’appuie sur Charlton Heston comme figure incorruptible. Un film hollywoodien visionnaire qui montre comment le cinéma a pu participer à la prise de conscience écologique. » – Frédérique Ballion et Jean-François Cazeaux, Ciné-dossier du film