-
Mardi 21 novembre 2017 - 21 h 20
- Cinéma Jean Eustache
Scum

Scum
Alan Clarke
1979
98 min.
VOSTF
Trois jeunes gens, Carlin, Angel et Davis, sont transférés dans une maison de correction pour mineurs. Ils sont plongés dans un environnement caractérisé par le sadisme des gardiens et la violence entre détenus. À plusieurs reprises, Carlin est obligé de se défendre. Il grimpe dans la hiérarchie des détenus et devient leur interlocuteur privilégié auprès des gardiens…
Le regard de l’historien du cinéma
Avant d’être un film de cinéma réalisé en 1979, Scum a d’abord été un téléfilm produit par la BBC en 1977. Clarke travaillait depuis dix ans pour la télévision britannique et avait exploré les espaces fermés d’institutions comme l’école d’officiers de Sovereign’s Company (1970), l’hospice pour personnes âgées de A Follower for Emily (1974), l’hôpital psychiatrique de Funny Farm (1975). Dans Scum, il investit celui de la maison de correction, présentée comme un lieu générant la violence qu’il est censé réprimer. Centré sur le personnage du jeune délinquant Carlin – qui révèle Ray Winstone – le film s’attache à le suivre par des travellings à la Steadicam, ce qui deviendra la marque de fabrique de Clarke et dont se souviendra Gus Van Sant dans Elephant. Jugeant le résultat à la fois trop réaliste et trop caricatural, trop violent et pas assez impartial, les dirigeants de la BBC bloquent sa diffusion. Clarke refait le film quasiment à l’identique pour une sortie en salle. L’abolition des maisons de correction en 1982 aura sans doute été en partie due à la controverse de Scum, dont la version initiale sera finalement diffusée par la BBC en 1991.
« Interdit, oublié, puis retrouvé et fêté, ce film maudit et légendaire aura tout connu. Y compris une réédition en salles. Trente-cinq ans après sa sortie, Scum rejoint le chemin des classiques, mais sans rentrer dans le rang : à part, pour toujours… Ce passage au cinéma ne règle pourtant pas le problème du film, qui continue à déranger. D'abord parce qu'il est cru, montre un suicide, un viol, du sang sur les murs et des coups de poings, de pieds, des tabassages en série. Des images accusatrices qui visent le pouvoir en place, puisque les Borstals, les centres de détention, sont placés sous l'autorité de la force publique. Mais le plus épineux, c'est le regard d'Alan Clarke. Franc, solide, il fait apparaître la nature de l'autorité dans l'institution : les gardes-chiourmes ont tous les droits et, pour faire régner la terreur, ils s'appuient sur des détenus pressés de devenir chefs de meute, et autorisés à toutes les transgressions dès qu'il s'agit de dominer et de briser leurs camarades. Dans Scum, les victimes du système répressif en sont aussi les serviteurs. À travers [la figure d’]un rebelle manipulé pour faire régner la loi du plus fort, Alan Clarke dénonçait un double asservissement. Sa vision de la violence, plus complexe et critique que celle des autres cinéastes réalistes anglais, a fait de Scum un film exemplaire, qui a traversé le temps sans rien perdre de son courage et de sa force. » – Télérama
Fiche du film
Réalisateurs(trices)
Alan Clarke
Année
1979
Durée
98 minutes
Date Sortie française
Mercredi 19 mars 1980
Auteur(s) / Scénario
Roy Minton
Format de diffusion
DCP
Détails
Interprètes
Ray Winstone (Carlin), Mick Ford (Archer), Julian Firth (Davis), John Blundell (Banks), Phil Daniels (Richards)…
Direction photographie
Phil Meheux
Montage
Michael Bradsell
Couleur
Couleur
Distributeur
Solaris
Son
Terry Poulton
Producteur(trice)
Davina Belling, Clive Parsons
Pays
Grande Bretagne