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Mardi 16 novembre 2021 - 14 h 00
- Cinéma Jean Eustache
Les Camarades

À la fin du XIXe siècle, dans une fabrique textile de Turin, les ouvriers, soumis à un rythme de travail infernal, voient se multiplier les accidents. Après un nouveau drame, ils décident de partir une heure plus tôt en signe de protestation. Mais les patrons profitent de leur inexpérience pour les berner…
Une cité industrielle. Turin a d’abord été la ville d’origine de la Maison de Savoie, puis la capitale du royaume de Piémont-Sardaigne avant de devenir celle de la jeune Italie en 1861. Mais trop excentrée au nord, elle perdit dès 1865 son statut en faveur de Florence puis de Rome quand l’unité fut achevée en 1870. À sa tête, une élite sociale composée d’aristocrates et de grands bourgeois qui ont fait alliance dans les affaires. Turin fut aussi un nœud de communication ferroviaire important en relation avec la France grâce au tunnel de Fréjus (1871). Le chemin de fer est plusieurs fois présent dans Les Camarades car la manufacture textile se situe près de la gare de la « Porta Susa ». Construite dans les années 1850, elle marquait l’extension très rapide de la ville vers l’ouest. C’est dans cette direction que se développèrent en effet les activités industrielles qui ont pris le relais du rôle politique. Grâce à un afflux de ruraux à la recherche d’emplois, la population s’accrut d’un quart en 20 ans pour atteindre 330 000 habitants en 1901. Aux manufactures textiles qui travaillaient la laine locale et le coton importé par Gênes, s’ajoute en 1899, à l’époque de l’action du film, la nouvelle usine automobile FIAT qui fera la réputation mondiale de la ville.
Solidarité ouvrière. Les Camarades, le film préféré de Mario Monicelli, se présente au premier abord, dans son noir et blanc rugueux parfaitement restauré, comme un quasi documentaire nourri par les photos et les archives de l’époque. La volonté d’authenticité est aussi revendiquée que convaincante. Mais en même temps, le film se livre à une analyse de l’événement que constitue la longue grève afin d’exiger la diminution de la journée de travail à la suite de l’accident dramatique d’un vieux travailleur. Sans démagogie et sans emphase, il montre le courage et les carences des ouvriers, les illusions et les erreurs de l’intellectuel qui les conseille, sans oublier de pointer les très lourdes responsabilités du patronat cynique et méprisant qui préfère l’affrontement à la négociation en utilisant les armes les plus déloyales. Monicelli évite les pièges du didactisme pesant grâce à sa longue expérience de la « comédie à l’italienne » qui a fait son succès. Le film est très bien servi par des acteurs remarquables comme Marcello Mastroianni qui réalise une étonnante performance en professeur miteux et risible, en militant utopiste et en paria solitaire. Monicelli sait faire vivre tous ses personnages, hommes et femmes, jeunes et vieux, par mille détails du quotidien, les uns pittoresques, les autres humoristiques, voire burlesques, malgré la gravité du propos général. Ce mélange des registres, parfaitement équilibré, donne un ton chaleureux à ce film humaniste, un atout précieux pour sensibiliser les élèves aux problématiques de l’éternelle question sociale. – Patrick Richet
Fiche du film
Réalisateurs(trices)
Mario Monicelli
Année
1966
Titre original
I Compagni
Durée
130 minutes
Date Sortie française
Vendredi 7 janvier 1966
Auteur(s) / Scénario
Mario Monicelli, Agenore Incrocci, Furio Scarpelli
Format de diffusion
DCP
Thématiques abordées par le film
ItalieDétails
Interprètes
Marcello Mastroianni (le professeur Sinaglia), Renato Salvatori (Raoul), Gabriella Giogelli (Adèle), Folco Lulli (Pautasso), Bernard Blier (Martinetti)…
Direction photographie
Giuseppe Rotunno
Montage
Ruggero Mastroianni
Couleur
N&B
Distributeur
Acacias
Musique
Carlo Rustichelli
Costumes
Piero Tosi
Décors
Mario Garbuglia
Producteur(trice)
Franco Cristaldi
Pays
Italie France
Critiques
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