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Vendredi 19 novembre 2021 - 18 h 15
- Cinéma Jean Eustache
Lautrec

Lautrec
Roger Planchon
1998
125 min.
VF
La vie du peintre Henri de Toulouse-Lautrec, de sa naissance en 1864 à sa mort en 1901. Affecté d’un corps difforme, il commence à peindre dès son plus jeune âge. Envoyé à Paris pour parfaire son apprentissage, il fréquente assidûment les beuglants de la capitale et rencontre Aristide Bruant au Chat Noir…
En dix ans, de 1988 à 1998, Roger Planchon réalise trois films coup sur coup – l’intégralité de sa filmographie. Les deux derniers sont, mais de manière différente, des biopics, consacrés à Louis XIV[1], puis Henri de Toulouse-Lautrec. Le sens visuel (et même pictural, dans le cas de Lautrec) et celui du rituel sont des passerelles commodes pour relier l’immense homme de théâtre (pas moins de soixante-quinze mises en scène entre 1950 et 2008) et le cinéma, pour lequel Planchon s’est passionné dès la fin de la Seconde Guerre mondiale et la découverte de Citizen Kane. Il passe derrière la caméra sur le tard, certes, mais avec l’expérience d’un homme qui a révolutionné la scène et largement contribué, dans le sillage de Jean Vilar, à l’édification d’un vrai théâtre populaire.
Roger Planchon a eu le chance de se trouver au bon endroit, au bon moment. Tout comme Lautrec, dont la liste des artistes côtoyés, des années 1880 à sa mort en 1901, donne le tournis : Manet, Van Gogh, Seurat, Renoir, Suzanne Valadon, Cézanne… Au moins autant que ce panthéon de la peinture, il y a tout un monde, à Montmartre et dans les beaux quartiers : les salles de spectacles, les cabarets, les bordels, les théâtres. L’art de Lautrec investit tous les milieux et, plus important encore, dresse une passerelle entre la peinture, l’affiche et la publicité. De l’art à ce qui n’est pas encore (mais elle se profile…) la culture de masse, rien n’est trivial pour Lautrec, rien n’est à dédaigner. Pour Roger Planchon, cette attitude est profondément ancrée en lui et vaut aussi pour les individus. « Tous ceux qui se sont penchés sur la vie de Lautrec ont découvert la qualité de l’homme, sa grandeur dans le quotidien. Peu d’entre nous sont capables de s’adresser à un puissant de ce monde et à la dernière épave qui se traîne, désespérée, dans un caniveau, avec les mêmes mots, la même ironie, la même attention, le même respect. Ce fut le cas de Lautrec. Ma motivation la plus profonde pour entreprendre ce film, c’est mon admiration pour la bonté de cet homme.[2] »
Lautrec, le film, s’attache donc aux pas de l’homme et de l’artiste, s’attarde sur sa relation tumultueuse et émouvante avec Suzanne Valadon, mais aussi avec ses parents et notamment sa mère, cette « sainte femme[3] » qui n’a cessé d’accompagner son fils dans son parcours cahotique, à l’intensité poignante tentée par l’autodestruction. Roger Planchon capture aussi une démarche créative qui « se singularise parce qu’elle n’est aucunement descriptive : Lautrec peint la vérité, pas la réalité ; il s’accorde le droit d’une interprétation personnelle, fût-elle dictée par des critères purement plastiques.[4] »
[1] Louis enfant-roi, 1988.
[2] Roger Planchon, « Qu’est-ce qu’une biographie ? » in Lautrec, Paris, éd. Plume, 1998, p. 22. Le volume rassemble également le scénario du film ainsi qu’une présentation détaillée de l’œuvre du peintre.
[3] Le mot est de Lautrec…
[4] Danièle Devynck, « Parcours d’un artiste » in Lautrec, op. cit., p. 114.
Fiche du film
Réalisateurs(trices)
Roger Planchon
Année
1998
Durée
125 minutes
Date Sortie française
Mercredi 9 septembre 1998
Auteur(s) / Scénario
Roger Planchon
Format de diffusion
DCP
Détails
Interprètes
Régis Royer (Henri de Toulouse-Lautrec), Elsa Zylberstein (Suzanne Valadon), Anémone (Adèle de Toulouse-Lautrec), Claude Rich (Alphonse de Toulouse-Lautrec), Hélène Babu (la goulue)…
Direction photographie
Gérard Simon
Montage
Isabelle Devinck
Couleur
Couleur
Production
Les Films du Losange
Distributeur
Les Films du Losange
Musique
Jean-Pierre Fouquey
Son
Jean Minondo
Costumes
Pierre-Jean Larroque
Décors
Jacques Rouxel
Producteur(trice)
Margaret Ménégoz
Pays
France