« Je suis simplement retourné au milieu des gens de ma race, et je leur ai fait un récit aussi bien qu'à moi-même, racontant une culture paysanne qui est ma culture. » – Ermanno Olmi

Récompensée par la Palme d’or au Festival de Cannes 1978, L’Arbre aux sabots se présente comme une version italienne de Farrebique de Georges Rouquier avec lequel il a beaucoup en commun. Une fresque vériste de trois heures sur le rapport à la terre, les conflits de classes et l'omniprésence religieuse, garante d'un ordre social qui n’a pas encore fait le deuil de la période pré-industrielle.

Ermanno Elmi, ici auteur et technicien complet (outre la réalisation, il est au scénario, à la photographie et au montage de l’œuvre) filme avec une méticulosité extrême tous les aspects de cette vie répétitive. Chacune des quatre familles vivant dans ce corps de bâtiment dont on sort rarement dispose d'enjeux narratifs distincts, entrecroisés par le récit, mais volontairement peu dramatisés. Ce film, Olmi l’a porté en lui pendant plus de vingt ans, avant qu’il ne finisse par trouver sa forme définitive.

« Originaire de la région de Bergame, Olmi se lançait là dans un projet ambitieux, dont le tournage a pris un an avec l’appui de la RAI et un budget limité : dépeindre un quotidien qui lui avait été familier par le lieu, les souvenirs et les récits, […] en une fresque suivant le cycle des saisons, en laissant parler le patois local à la majorité des acteurs, tous non professionnels. Au-delà des qualités dues au seul savoir-faire – soin de la reconstitution en lieux naturels, crudité de la lumière, patience des plans, véracité de la langue – on constate que les choix de mise en scène, pour rendre compte d’une époque révolue, ont beaucoup à voir avec le lieu qui en porte encore les traces (la cascina authentique où le film a été tourné), et avec l’instantané social qu’offre celui-ci. » – Critikat