Marco Bechis filme le désespoir du peuple Guarani-Kaiowa. Son film repose sur une enquête sur les humiliations subies, la spoliation de leurs terres et la dissipation de leur culture. Tournant le dos aux films ayant déjà montré les Amérindiens du Mato Grosso en faisant jouer d’authentiques Guarani du Brésil et en choisissant de ne pas faire de l’homme blanc la figure centrale (on pense, de ce point de vue, à une œuvre telle que La Forêt émeraude de John Boorman, 1985), La Terre des hommes rouges peint la révolte de ce peuple qui conteste la légalité des possessions agricoles par les grands exploitants blancs. Le film expose également les relations d’interdépendance entre blancs et indigènes contraints à la cohabitation, notamment à travers une idylle entre la fille d’un riche fermier et le disciple du chaman de la tribu. Mais cet espoir est vite supplanté par le mépris et l’hostilité des blancs. Une œuvre réaliste, sensible et dure qui, loin des représentations stéréotypées des Indiens d’Amérique du Sud, traite en profondeur de l’expropriation des terres de peuples colonisés.

Ce titre ironique, Birdwatchers – ceux qui observent les oiseaux – désigne aussi bien les touristes guettant le pittoresque d'un indigène local que les indigènes eux-mêmes, qui ont tant perdu de leurs coutumes dans une forêt dévastée qu'ils savent à peine chasser... sinon le propriétaire, cet oiseau impérialiste.

« La mort qui guette ces Indiens assiégés et brimés est d'autant plus rapide que nombre d'entre eux (les jeunes surtout) se suicident pour échapper à leur souffrance d'ici-bas et revivre ailleurs, dans une autre dimension. Ils croient aux esprits, aux présences maléfiques, à l'éternité de leur âme. Mais ils sont alors maudits par les survivants pour lesquels ils ont déserté, abandonné le combat collectif. » – Le Monde