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Mardi 21 novembre 2017 - 17 h 10
- Cinéma Jean Eustache
La Folie du roi George

La Folie du roi George
The Madness of King George
Nicholas Hytner
1994
104 min.
VOSTF
1758. George III règne sur l'Angleterre depuis 28 ans, mais il sent que la réalité du pouvoir lui échappe. Son fils, le prince de Galles, se révèle comme un ambitieux, mesquin et veule. À la faveur d’une violente dispute entre les deux hommes, les signes avant-coureurs d’un désordre mental du roi éclatent au grand jour. Une faille qui enclenche intrigues et course à la succession…
« · Positif : Vous êtes à la fois l’auteur de la pièce La Folie de George III et du scénario qui en a été tiré pour le film de Nicholas Hytner. Quels problèmes particuliers avez-vous eu à résoudre pour cette adaptation ?
– Alan Bennett : J’avais eu deux idées que j’ai fini par écarter. Je pensais d’abord que le public du cinéma aurait du mal à s’identifier à quelqu’un d’aussi âgé que George III et que l’on aurait besoin d’un personnage plus jeune pour vous faire entrer dans le film. La première version du scénario suivait donc le capitaine Gréville qui arrivait pour la première fois à la Cour et se retrouvait parmi ces gens qui lui paraissent tous un peu fous. Plus nous avons travaillé dans cette direction, moins cela nous paraissait satisfaisant, si bien que tout ce qui reste de cette version, c’est probablement le moment où il frappe à la porte au début… Au fond, je me suis rendu compte que l’important était de suivre avant tout l’histoire du roi. L’autre idée était d’opposer davantage le haut et le bas, les cérémonies officielles publiques d’une part, la vie privée du roi et les coulisses de la scène d’autre part. Mais plus nous avancions dans le processus d’affinement, plus nous prenions conscience de ce par quoi nous aurions dû commencer : les étapes de la folie du roi étaient vraiment le noyau de l’histoire. Ce qui, je crois, est supérieur à l’écran, par rapport à la scène, est la politique, tout simplement en raison des ressources qu’offre le cinéma. Au théâtre, il n’était pas question d’avoir deux cents parlementaires qui se disputent, alors que cela permet dans le film de mieux comprendre les enjeux, de voir l’interaction entre la maladie et les intrigues politiques.
· Vous avez dû néanmoins sacrifier certains aspects de la vie politique qui se trouvaient dans la pièce.
– La représentation théâtrale durait deux heures quinze, il a donc fallu couper certaines répliques. J’ai eu une formation d’historien, j’ai enseigné l’histoire à Oxford et je suis plus attiré par les faits historiques que d’autres scénaristes, moins enclin qu’ils ne le sont à prendre des libertés avec l’histoire. Mais je suis aussi conscient qu’il est très difficile d’exprimer dans un film les nuances politiques de cette époque.
· Souvent, lorsqu’on « aère » une pièce pour la filmer, elle perd de son pouvoir. Ce qui est remarquable ici, c’est que l’on finit par oublier l’origine théâtrale du film.
– Cela a beaucoup à voir avec le talent de Nicholas Hytner. Je n’ai pas beaucoup de sens visuel et j’ai tendance à penser en termes de mots et de dialogues. Bien sûr, j’ai visité les lieux où le film pourrait être tourné, mais c’est Nick qui a cet “œil”, chose d’autant plus remarquable que c’est son premier film. »
Propos d’Alan Bennett recueillis par Michel Ciment pour Positif, n°416, octobre 1995, pp. 84-85.
Fiche du film
Réalisateurs(trices)
Nicholas Hytner
Année
1994
Titre original
The Madness of King George
Durée
104 minutes
Date Sortie française
Mercredi 4 octobre 1995
Auteur(s) / Scénario
Alan Bennett
Format de diffusion
DVD
Détails
Interprètes
Nigel Hawthorne (George III), Helen Mirren (La reine Charlotte), Rupert Graves (Greville), Ian Holm (le docteur Willis), Amanda Donohoe (Lady Pembroke)…
D'après
D'après la pièce d'Alan Bennett
Montage
Tariq Anwar
Couleur
Couleur
Distributeur
Park Circus
Musique
George Fenton
Son
John Casali
Producteur(trice)
Stephen Evans, David Parfitt
Pays
GB