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Mardi 16 novembre 2021 - 15 h 10
- Cinéma Jean Eustache
La Chartreuse de Parme

La Chartreuse de Parme
Christian-Jacque
1948
170 min.
VF
Fabrice del Dongo, don Juan impénitent, tombe amoureux de Clelia Conti, alors que sa tante et protectrice, la Duchesse Sanseverina, brûle d'amour pour lui. Mais Ernest, le monarque fou, œuvre également dans l’ombre, secondé par le sinistre Rassi…
Lorsqu’il s’engage à suivre l’armée napoléonienne lors de la campagne d’Italie (1800-1801), Stendhal ne sait pas encore que de l’autre côté des Alpes l’attend une nouvelle patrie. Il s’écoulera près de quarante ans avant l’écriture de La Chartreuse de Parme(conçu dans la fièvre – 52 jours à peine, du 4 novembre au 25 décembre 1838 – et un véritable bonheur d’écrire), mais Stendhal n’a oublié ni l’Italie, dont il est tombé amoureux dès sa première visite, ni Napoléon, qui est ici, pourtant, associé à la défaite de Waterloo et à la première grande désillusion du fougueux Fabrice Del Dongo. Comme son héros, Stendhal aura passé sa vie à courir après le bonheur, à accumuler les conquêtes et les revers – en amour comme dans ses rêves de gloire. Une part de la logique de cette trajectoire vers le renoncement et la nuit s’est donc communiquée à Fabrice dans ce roman d’action aux rebondissements multiples. Les intrigues, de palais, de cour, de roman, viennent elles aussi en écho à la biographie personnelle de Stendhal. Mais Fabrice possède la beauté et le charisme qui font défaut à l’écrivain et les conquêtes de son jeune héros, même promis à une issue tragique, sont un baume au cœur de Stendhal.
Un siècle (et quelques années) plus tard, Fabrice trouve en Gérard Philipe une parfaite incarnation. Le rôle, immédiatement après celui du Diable au corps(1947) va l’imposer définitivement en tant que vedette au magnétisme imparable. Le film connaît à sa sortie un succès foudroyant (6 millions de spectateurs) qui surpasse encore celui du film d’Autant-Lara. Un succès de scandale, aussi, puisque les exégètes de Stendhal ne manquent pas de crier à la trahison : tout le début du roman ainsi que la bataille de Waterloo sont en effet absents. En revanche, Christian-Jaque et ses scénaristes[1]ont parfaitement exploité le caractère d’ « intrigues à rebondissement » du roman, magnifié par la photographie de Nicolas Hayer[2]. La dimension tragique, aussi, avec l’incandescente Sanseverina de Maria Casarès. Une œuvre d’artisan où l’architecture globale comme le sens du détail se sont communiqués à tous les éléments de la mise en scène.
[1] Notamment Pierre Véry, dont le cinéaste avait merveilleusement servi les romans dans Les Disparus de Saint-Agil(1938) et L’Assassinat du Père Noël(1941).
[2] Le Corbeaud’Henri-Georges Clouzot, 1943.
Fiche du film
Réalisateurs(trices)
Christian-Jacque
Année
1948
Durée
170 minutes
Date Sortie française
Vendredi 21 mai 1948
Auteur(s) / Scénario
Christian-Jacque, Pierre Jary, Pierre Very
Format de diffusion
DVD
Détails
Interprètes
Gérard Philipe (Fabrice del Dongo), Maria Casarès (la duchelle Gina de Sanseverina), Renée Faure (Clelia Conti), Louis Salou (le prince Ernest IV), Lucien Coëdel (Rassi)…
D'après
D'après Stendhal
Direction photographie
Nicolas Hayer
Montage
Jacques Desagneaux
Couleur
N&B
Production
Les films André Paulvé
Coproduction
Scalera Film
Distributeur
SND
Musique
Renzo Rossellini
Son
Jacques Lebreton
Costumes
Georges Annenkov
Décors
Jean d'Eaubonne
Producteur(trice)
André Paulvé
Pays
France-Italie
Critiques
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