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Vendredi 25 novembre 2016 - 16 h 30
- Cinéma Jean Eustache
Anne des mille jours

Anne des mille jours
Anne of the Thousand Days
Charles Jarrott
1969
145 min.
Anne des mille jours
Henry VIII répudie sa femme, Catherine d'Aragon, qui ne peut lui donner d'héritier mâle. Pour la remplacer, il jette son dévolu sur la jeune et belle Anne Boleyn. Mais l'enfant qu'elle met au monde est une fille, prénommée Elizabeth...
« À l'instar du célèbre La Vie privée d’Henry VIII (1933) d'Alexander Korda (cf. p. 68), Anne des mille jours est un film historique se penchant sur les amours tumultueuses d'Henry VIII. Alors que chez Korda la romance tragique avec Anne Boleyn, seconde épouse d'Henry, en restait à une fulgurante scène d'ouverture (et une magistrale interprétation de Merle Oberon) dépeignant son exécution, elle est au centre du film de Charles Jarrot. Le film adapte la pièce éponyme de de Maxwell Anderson jouée en 1948 à Broadway et dont les tentatives d'adaptation échouèrent vingt ans durant au vu des thèmes sulfureux abordés et que le Code Hays n'aurait pas laissé passer. Au croisement de l'amour fou, du désir, de la revanche et de l'ambition, cette vision du couple Henry VIII/Anne Boleyn est captivante de bout en bout.
Tout au long du récit, la passion guidera l'exercice de la souveraineté et inversement, faisant de l'Angleterre et son peuple les jouets des amours et intrigues de palais des puissants. Henry VIII est un souverain éteint et las d'un mariage d'alliance avec Catherine d'Aragon qui en vingt ans ne lui a pas donné l'héritier tant attendu. Il va tomber sous le charme d'une nouvelle venue, Anne Boleyn de retour de la cour de France et sœur d'une de ses anciennes maîtresses.
Pouvant à tout moment imposer son désir à une Anne Boleyn réticente, le dédain de celle-ci va l'obliger à un semblant de tentative de séduction voué à l'échec. Le désir se transforme en obsession amoureuse et il devra “prouver” par la mise en danger de sa monarchie qu'il est digne de posséder Anne. Le film prend presque des élans féministes, Anne prenant ainsi sa revanche sur les institutions ayant cherché à la piéger. L'église, si fière et vraie régente du pouvoir sous les traits du cardinal Thomas Wolsey va ainsi subir le joug de la fierté d'Henry prêt à défier Rome pour se libérer de son union avec Catherine et fonder l'église protestante.
La démonstration de force et de réels sentiments se disputent d'ailleurs peu à peu chez Anne, enfin subjuguée par les risques pris par son prétendant couronné. C'est cet entre-deux que capture le mieux Charles Jarrot, que ce soit ce moment où l'hilarité se confond aux larmes chez Anne lorsqu'elle assiste à la confrontation infructueuse entre Henry et un agent du Vatican. L'instant où elle abandonne son masque distant face à un Henry dépité qui lui a tout sacrifié est superbe également, grâce à la prestation incandescente d'une magnifique Geneviève Bujold.
Tout ce qui touche à l'intime est joliment capturé, y compris la destinée grandiose d'une Elizabeth encore enfant. Une jolie et bien prenante fresque à laquelle la même équipe donnera une “suite”, avec un tout aussi réussi Marie Stuart, reine d'Ecosse (1971, cf. p. 102). » – Chronique du cinéphile stakhanoviste
Fiche du film
Réalisateurs(trices)
Charles Jarrott
Année
1969
Titre original
Anne of the Thousand Days
Durée
145 minutes
Date Sortie française
Mercredi 20 octobre 1965
Auteur(s) / Scénario
Bridget Boland, John Hale
Format de diffusion
DVD
Détails
Interprètes
Richard Burton (Henry VIII), Geneviève Bujold (Anne Boleyn), Irene Papas (Catherine d'Aragon), Anthony Quayle (le Cardinal Wolsey), John Colicos (Thomas Cromwell)…
D'après
D'après la pièce de Maxwell Anderson
Montage
Richard Marden
Couleur
Couleur
Distributeur
Swank Films (universal)
Musique
Georges Delerue
Son
John Aldred
Producteur(trice)
Hal B. Wallis
Pays
GB