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Samedi 24 novembre 2018 - 18 h 15
- Cinéma jean Eustache
Le Dictateur

Le Dictateur
The Great Dictator
Charles Chaplin
1940
126 min.
VOSTF
La Tomania est terrorisée par le dictateur Hynkel. Qui ignore probablement qu’il possède, dans le ghetto, un parfait sosie sous les traits d’un modeste barbier. Celui-ci fait la connaissance d’Hannah, dont il tombe amoureux ; tous deux vont tenter d’échapper à l’étau répressif, qui se resserre chaque jour davantage…
« “Une fois de plus, la même question déprimante se posait : devais-je tourner un autre film muet ? Je savais que je prendrais un grand risque en le faisant. Si je parlais, je deviendrais un comédien comme les autres. L’inspiration brusquement me vint. Bien sûr ! Dans le rôle d’Hitler, je pourrais haranguer les foules dans un jargon de mon invention et parler à ma guise. Et dans le rôle de Charlot, je pourrais demeurer plus ou moins silencieux. Un scénario sur Hitler se prêtait au burlesque et à la pantomine. Je revins donc en hâte et plein d’enthousiasme à Hollywood, et je me mis à écrire un script. Cela me prit deux ans.”
Concrétiser un projet aussi subversif, au moment où les accords de Münich imposent à certains alliés (à la Grande-Bretagne tout spécialement) un « profil bas », n’est pas le moindre des paris tentés par Charlie Chaplin en cette fin des années 30 ; par ailleurs les États-Unis ne manquent pas encore à l’époque de partisans de l’atttentisme, voire même de sympathisants pro-nazis : “Au milieu du tournage, je commençais à recevoir des Artistes associés des messages alarmants. Le Hays Office les avait avisés que je risquais des ennuis avec la censure. Un film antihitlérien inquiétait également le bureau de Londres qui se demandait si l’on pourrait le distribuer en Angleterre. Mais j’étais décidé à aller de l’avant, car il fallait rire d’Hitler. Si j’avais connu les réelles horreurs des camps de concentration allemands, je n’aurais pas pu réaliser Le Dictateur ; je n’aurais pas pu tourner en dérision la folie homicide des nazis. Mais j’étais décidé à ridiculiser leur bla-bla mystique sur les races au sang pur.”
Le discours final du petit barbier, confondu avec Hynkel en raison de leur ressemblance physique, et qui prêche l’humanisme face à la barbarie, synthétise à lui seul les enjeux du Dictateur. La séquence a été doublement déconseillée à Chaplin : pour des raisons de cohérence dramatique tout d’abord, pour les conséquences auxquelles elle exposait le film, voire les États-Unis, sans même parler des communautés juives d’Autriche et d’Allemagne. Concernant la première objection, le commentateur du New-York Times chroniquant le film à sa sortie, traduit bien l’impression contrastée que la séquence produisit sur l’ensemble de la critique : « Soudain, ce n’est plus le petit barbier qui prend la parole mais l’homme Chaplin qui met à nu la douleur qui tourmente son coeur. Cette construction ne fonctionne décidément pas, tant elle est déroutante, banale et gênante. Car c’est comme si Chaplin révélait, dans un moment d’inattention, les détails de sa peine la plus intime. Mais pour cette raison même — et en dehors de son lien avec le film — nous estimons qu’il s’agit d’une des scènes les plus poignantes et émouvantes que nous ayons jamais vues au cinéma. » – Cahiers du Cinéma
Fiche du film
Réalisateurs(trices)
Charles Chaplin
Année
1940
Titre original
The Great Dictator
Durée
126 minutes
Date Sortie française
Mardi 16 octobre 1945
Auteur(s) / Scénario
Charles Chaplin
Format de diffusion
DCP
Thématiques abordées par le film
NazismeDétails
Interprètes
Avec Charles Chaplin (Adenoid Hynkel,(dictateur de Tomania / un coiffeur juif), Jack Oakie (Napaloni dictateur de Bacteria), Reginald Gardiner (le commandant Schultz), Henry Daniell (Garbitsch), Billy Gilbert (Herring)…
Direction photographie
Rolland Totheroh, Karl Struss
Montage
Willard Nico
Couleur
N&B
Production
Charles Chaplin
Distributeur
Diaphana pour MK2
Musique
Meredith Wilson, Charles Chaplin
Son
Glenn Rominger, Percy Townsend
Pays
United States